Un livre pour voyager : « Des journées ridiculement normales », de Carla Mouriño

Les journaux sont un réservoir de tant de choses : amour, culpabilité, vengeance, vanité, projets. Je dirais que les journaux sont des pages de deuil, même si rien n’est perdu, un deuil de la vie, car elle s’en va. Dans les journaux de Carla, il y a bien plus de vie que de chagrin.

14/06/2024

S’il y a un jour qui définit ces agendas, c’est bien vendredi, aujourd’hui, vendredi. Parce que c’est un jour pour partir en voyage, pour perdre l’habitude, pour commencer à écrire un livre. Dans Des journées ridiculement normales il y a une autre histoire. Outre les aventures de l’auteur, c’est l’histoire de Julia, une jeune fille de 30 ans qui redécouvre le monde. La vie de Julia est le roman que Carla veut écrire et qui est décrit dans son journal.

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15/06/2024

Aujourd’hui c’est la présentation du livre, à la Casa Brava: un bar, restaurant, salle de danse à Malasaña qui est le centre névralgique de l’Argentine, une île argentine au cœur de Madrid. Le River Plate coule ici.

Avant Carla et sa rédactrice, Lucila Sarquis, (elles ont créé à elles deux La plus petite maison d’édition du monde) entrent sur scène, un son retentit sur les haut-parleurs du bar : c’est Carla et elle dit, entre autres, qu’on peut désormais ouvrir l’enveloppe qu’ils nous ont donnée en entrant. A l’intérieur il y a un papier où nous devons écrire ce que nous serions si nous n’étions pas ce que nous sommes aujourd’hui, nous devons écrire nos vies imaginaires. A côté, une carte postale d’un ciel bleu, d’une mer bleue, qui dit « J’espère que vous avez toute l’énergie nécessaire pour surfer sur les vagues à venir. « Je serai sur le rivage, au cas où tu aurais besoin de moi. ».

Ce journal sur le journal a commencé avec Cioran, le Roumain pessimiste, l’écrivain désolé. Et cela se termine, après avoir parcouru l’événement de Carla, avec les paroles renouvelées. Carla n’est pas Gabo, ni Leila, comme elle l’a dit elle-même dans le mail où elle m’a envoyé son manuscrit. Mais cela pourrait être Attila, car il ne laisse aucune herbe derrière lui. C’est une tempête d’idées et de volonté. Quand le jour viendra, et que tu écriras tes mémoires, ton autobiographie, tu pourras les appeler Vivez intensément pour le dire, faisant un clin d’œil au Colombien et nous rappelant que le combat pour vivre est quotidien, que comme ils le disaient dans ce film : « nous avons lutté contre le jour et nous avons gagné ». Et ça suffit. Quant aux vies imaginées, rêvées : Si je n’étais pas un gars qui écrivait, j’aurais aimé être chanteur d’orchestre. Il n’est jamais tard.